La fortune de Véronique
Suzanne Pairault [Pairault, Suzanne]Véronique ! appela une voix aigre. Véronique ! »
Véronique, avec un soupir, descendit de l’échafaudage de caisses sur lequel elle apprenait ses leçons. Cet appel, il y avait bien cinq minutes qu’elle l’attendait.... Mais elle espérait tant finir Isabeau de Bavière avant la nuit !
Le grenier de l’orphelinat, où elle se réfugiait pour travailler, n’avait pourtant rien de bien séduisant. Un amoncellement de meubles cassés — qui, même dans leur jeunesse, n’avaient jamais dû être beaux —, des paperasses jetées au hasard, de vieux vêtements sur lesquels, en été, on voyait flotter un brouillard de mites.... Quelques rares lucarnes perçaient le toit; pour pouvoir lire, Véronique était obligée d’empiler plusieurs caisses les unes sur les autres et de s’asseoir au sommet, le plus près possible du jour. De temps à autre une araignée curieuse quittait les solives et descendait au bout de son fil voir ce que signifiait cette page blanche couverte d’insectes mystérieux.